
Une réflexion sur le PRISP et le suivi de la pandémie du coronavirus dans le secteur public
Le monde est confronté à l’un des défis les plus graves de son histoire, la nouvelle pandémie de coronavirus. Le taux d’infection augmente, la panique s’empare des marchés financiers et on observe parallèlement le ralentissement brutal des économies et de graves perturbations dans les chaines d’approvisionnement. La situation évolue et exige une révision constante des mesures et stratégies de précaution. Le Projet des réformes intégrées du secteur public (PRISP), l’un des projets du portefeuille de la Banque mondiale en République du Congo et outil d’accompagnement du gouvernement en matière de gouvernance, a le devoir de préserver ses acquis et maintenir l’atteinte des objectifs face à la propagation du coronavirus en menant une réflexion d’appui aux bénéficiaires et à la consolidation du projet.
A trois mois (janvier février mars 2020) de la mise en exécution du plan de travail et budget annuel 2020 du PRISP, la pandémie tend à mettre à l’arrêt l’essentiel de ses activités. La situation s’est profondément modifiée, depuis l’apparition du premier cas du coronavirus au Congo le 14 mars 2020. Cette pandémie va ralentir les économies mais va accroitre les besoins de liquidités. Pour l’heure, en dépit des mesures d’accompagnement prises par le gouvernement congolais avec la mise en place d’une talk force chargée d’évaluer périodiquement l’impact du Covid-19 sur le plan économique et social, d’évaluer les conséquences économiques et sociales des mesures prises dans le cadre du plan national de préparation et de riposte à l’épidémie, les regards de tous sont tournés vers la gestion de la pandémie de covid-19 et de ses conséquences économiques à court et moyen terme.
Les arguments économiques et financiers se concentrent essentiellement à libérer les ressources financières suite à la baisse dans le budget de l’Etat, des dépenses relatives au service de la dette, à financer le déficit budgétaire résultant d’une part, des ressources mobilisées en faveur des plans de riposte et de résilience contre le covid-19 et d’autre part, de la baisse des recettes fiscales résultant de la récession économique. Il est question de renforcer la normalisation des process de production, de la promotion de la bonne gouvernance et de contrôle mais aussi de transparence dans l’accès à la commande publique tel signifié dans les objectifs du PRISP.
Nous constatons aussi que le Congo a accès aux aides de la Banque mondiale par le biais d’un mécanisme de financement accéléré dédié à cette crise et dans l’ensemble, la Banque mondiale s’emploie à redéployer des ressources dans ses projets en cours, à travers des processus de restructuration, d’activation des composantes d’intervention d’urgence conditionnelle et de déclenchement des dispositifs de financement à option de tirage différé en cas de catastrophe.
La progression du Covid-19 touche le secteur public et accroît les problèmes de mobilisation des ressources publiques au Congo. Le PRISP réalise des activités avec des administrations publiques tributaires de la mobilisation des recettes hors pétrole et de la modernisation de l’administration publique. Tout ceci est impacté parce que le Prisp recrute des consultants et autres prestataires de services, action aujourd’hui touchée par le Covid-19. La crise sanitaire du Covid -19 se répercute très fortement sur les activités du secteur public et de ce fait sur les finances publiques et l’économie congolaise en général.
Face à l’épidémie du coronavirus (Covid-19), les mesures prises au niveau de l’administration publique sont celles relatives au respect des gestes barrières édictées par l’organisation mondiale de la santé (OMS) et relayer par le gouvernement de la République du Congo. Aussi, devant chaque administration publique, on note le dispositif de biosécurité pour l’hygiène et dans le fonctionnement, le respect de la distanciation sociale. Le service public est assuré par des équipes restreintes et souvent par rotation. Les grandes mesures ont été annoncées par les différentes déclarations 1, 2 ,3 et 4 de monsieur le Premier ministre, chef du gouvernement (Fermeture des établissements publics et privés, suspension des vols et fermeture des frontières) et par la déclaration du Président de la République du 28 mars 2020 (État d’urgence sanitaire, confinement de l’ensemble de la population, interdiction de la circulation sur l’ensemble du territoire national et la mise en place du couvre-feu nocturne)
En ce qui concerne les mesures prises au niveau de la gestion des ressources humaines, dans la situation de crise sanitaire actuelle, il est essentiel de protéger et de prévenir les agents du secteur public à travers l’information et les actions de prévention. Plusieurs administrations ont adopté les mesures de distanciation sociale notamment la limitation au strict nécessaire des réunions, des regroupements, des déplacements non indispensables et la réduction des équipes. Une communication à travers des affiches aux abords des administrations publiques est visible.
Certaines administrations ont adopté le télétravail malgré le souci de la permanence de l’électricité et du débit fluide de l’internet.
Il est très tôt de dégager l’impact de cette pandémie sur l’économie congolaise mais nous estimons que cet impact sera très hétérogène dans le secteur public avec la diminution des activités ce qui occasionne le choc et nécessite des mesures budgétaires et fiscales de soutien ciblées. En l’absence des données d’analyse et de prévision, nous estimons que l’impact des mesures prises entrainerait des pertes importantes et des chocs économiques et sociaux inédits et une décomposition de l’impact économique considérable. Pour adapter le système de gestion des finances publiques le gouvernement a prévu d’allouer des ressources en mettant en place le fonds national de solidarité et la Task-force sur l’impact économique et social du Covid-19.
Le PRISP, outil de gouvernance devrait se préparer devant les éventualités à relever les défis du Covid-19. Cette pandémie met à l’épreuve les systèmes de gestion des finances publiques de nombreuses manières, comme devant toute situation d’urgence. Ainsi, il sera question de se préparer à :
– Identifier les mécanismes d’intervention d’urgence disponibles pour répondre à des demandes imprévues. En général, les principaux outils de gestion des finances publiques pour faire face aux dépenses d’urgence sont les crédits pour dépenses imprévues dans le cadre du PTBA 2020 ;
– Redéfinir, si possible, les priorités de dépenses par des réaffectations qui peut créer des marges budgétaires pour répondre à des besoins supplémentaires. La redéfinition des priorités et la réaffectation devraient normalement se faire de manière transparente dans le cadre légal applicable aux mouvements de crédits IDA ;
– Mettre en place des mécanismes institutionnels pour répondre aux situations d’urgence.
Le PRISP doit être prêt avec un plan de continuité des activités, à faire face à l’absence de personnel et bénéficiaires à grande échelle et en temps réel, car le confinement exige le repli sur soi avec la devise « restez chez vous ». Il serait mieux de tester les logiciels et les systèmes de communication pour les opérations à distance ; d’établir une coordination efficace avec les points focaux et les responsables des structures bénéficiaires. Tout l’enjeu étant d’accélérer le processus d’analyse des offres, d’élaboration et de validation des tdrs et des rapports en dépit des mails ou le télétravail. Le sentiment d’être en contact avec les bénéficiaires du projet et autres parties prenantes permet ainsi d’éviter le repli sur soi et de lutter naturellement contre le stress lié à la distanciation sociale et poursuivre l’essentiel de l’activité.
En peu de temps, le covid-19 a bouleversé les habitudes à travers le monde. Son impact sanitaire est catastrophique et le désastre économique causé sera difficile à assumer. Par ailleurs, cette pandémie tend à transformer l’ordre mondial et met en lumière de nouvelles façons de voir et d’analyser le monde. L’instauration du couvre-feu et du confinement liées à la crise sanitaire du coronavirus a obligé le Prisp à fonctionner au ralenti, entrainant une baisse significative des activités, ainsi qu’une chute spectaculaire de la performance. Le Covid-19 nous laisse des lueurs d’espoir car il permet de tirer des enseignements sur nos modes de fonctionnement du projet et sur la place du numérique dans la réalisation continue des activités.
Raymond NTI
Responsable communication du PRISP